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Se laisser toucher au cœur

Bilan de santé spirituel : Huitième partie

Vous connaissez bien sûr l’épisode rapporté par l’évangéliste saint Jean, témoin oculaire de la scène. (Jean 20 v 19-23). Au soir de Pâques, Jésus apparaît à ses apôtres enfermés au Cénacle, rongés par la tristesse, l’angoisse, le désespoir. Jésus ressuscité, vainqueur de la mort, les rejoint, et leur dit par trois fois : « La Paix soit avec vous ». C’est en effet pour apporter cette paix au monde qu’il est venu. Revenus de leurs émotions, leurs cœurs sont remplis d’une joie profonde. Jésus retrouve ses proches après être passés eux-aussi au feu de la Passion. Nous sommes loin de l’ambiance où ils se gaussaient au retour de mission, Pierre ne fanfaronne pas lui non plus avec sa triple trahison. Ce sont des pauvres, des pécheurs qui sont devant lui. Et Jésus va accomplir pour eux, et aussi pour nous, quelque chose d’extraordinaire. Vous en souvenez-vous ?

« Ayant parlé, il souffla sur eux et il leur dit : “ Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus.“ » Ce qui se passe ici est vraiment inouï ! Jésus, confie à ces pauvres pécheurs son pouvoir de pardonner les péchés des hommes, son pouvoir de sauver le monde du péché. « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… » (1 Corinthiens 1 v 27). Depuis ce jour, les successeurs des apôtres, c’est-à-dire les évêques aidés des prêtres peuvent donner à toute personne le pardon de Dieu, la réconciliation avec le Seigneur, son Eglise et avec soi-même. Qu’il y a-t-il de plus grand que cela ? Et cela, c’est gratuit, parce que l’Amour est toujours gratuit ! Même si cela a un prix inestimable : le prix du Sang de Jésus, ce sang « versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés… »

Les personnes âgées d’aujourd’hui, élevées dans la foi chrétienne, gardent parfois un souvenir peu heureux du sacrement de la miséricorde. Aujourd’hui, ce sacrement est délaissé, il faut avoir le courage de le reconnaître. La confession ? C’est super ! Mais pour les autres… Quand j’étais aumônier de patro, j’ai souvent entendu cette phrase, sous forme de boutade j’en conviens : « Père, Untel a besoin, de se confesser !  » Nous en avons tous besoin ! Ne nous mentons pas à nous-mêmes et surtout ne mentons pas au Seigneur ! Ce sacrement n’est pas le sacrement des pécheurs, mais le sacrement de ceux qui veulent aimer Dieu. Il ne se contente pas de nous pardonner le passé, il nous aide à vivre davantage dans le bien pour l’avenir.

A la paroisse, nous avons maintenant, grâce à la générosité des paroissiens de Saint Léon, un beau confessionnal. Je trouve qu’il n’est pas beaucoup utilisé et je ne parviens pas à conclure que c’est parce que les paroissiens de Notre Dame du Bon Conseil n’en ont pas besoin. S’Ils n’ont pas besoin du pardon de Dieu, alors ils n’ont pas besoin de moi, ministre du Seigneur pour pardonner les péchés et pauvre pécheur de son état. Si la paroisse est sans péché, je m’en vais.

Le Carême approche. Nous ne devons pas en avoir peur. C’est un cadeau que Dieu nous fait par son Eglise. Un temps d’entraînement spirituel pour ceux qui veulent progresser dans l’amour de Dieu, l’amour de leurs frères et un amour plus vrai de soi-même. Ne serait-ce pas la période propice pour recevoir le sacrement du pardon ? A quand remonte notre dernière confession ? Nous en rappelons-nous au moins ? Certes il est toujours possible de recevoir ce sacrement en dehors de notre paroisse auprès d’un prêtre inconnu, mais alors les foules devraient se presser ici des paroisses voisines pour recevoir ce don précieux du Seigneur ! Il n’en est rien, hélas ! Dans la prière, demandons au Seigneur, à l’Esprit Saint de nous éclairer et de nous donner la force de vivre ce beau moment de vérité et d’amour, libérateur pour notre vie spirituelle.

Père Franck Zeuschner, sv