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Il est bon que nous soyons ici

Ce sont, vous le savez, les mots de Pierre dans notre évangile de ce deuxième dimanche de Carême. L’épisode relaté est très particulier. Rares sont les films sur Jésus qui osent en faire mention : la transfiguration. Jésus vient d’annoncer à ses apôtres sa passion prochaine, sa mort à Jérusalem et sa résurrection, et voilà qu’il entraîne avec lui Pierre, Jacques et Jean pour une véritable vision de gloire. Il y a un lien très fort entre la passion prochaine de Jésus, annoncée, consentie, et cette vision du ciel. Jésus les comble d’une lumière presque insoutenable pour les aider à affronter les ténèbres terribles qu’ils vont devoir affronter.

Nos vies, nous le savons, n’ont rien d’un long fleuve tranquille. Elles sont marquées par l’épreuve, la souffrance et la mort. Notre Carême aussi, avec son côté éprouvant, nous rappelle cela. L’actualité, avec son cortège de drames en tous genres, ne cesse également de nous rappeler la fragilité, la précarité de notre condition humaine. Ne nous mentons pas à nous mêmes, tout cela nous dépasse, semble même nous écraser bien souvent.

Pourtant le Seigneur, ne cherche nullement à nous effrayer, à nous tenir par la peur, comme le ferait un gouvernement totalitaire pour s’éviter toute contradiction, cela n’est pas ainsi que le Seigneur agit avec nous. Lui, ne cesse de nous encourager, de nous soutenir. Et c’est justement pour cela que Jésus offre à ses proches une vision du ciel. Et une vision du ciel, c’est une vision de Dieu, une vision de notre Dieu qui est amour, du Père qui trouve sa joie en son Fils bien-aimé. Par le baptême, qui nous unit intimement au Fils, nous sommes, nous-aussi, les enfants bien-aimés du Père. Nous avons tous un impérieux besoin en ce Carême de contempler la face du Père et de l’entendre nous dire à quel point nous sommes aimés de Lui.

Bien sûr, en prononçant ces paroles, Pierre ne réalise pas ce qu’il dit. « Il ne savait ce qu’il disait » précise le récit de saint Luc. Il ne veut plus quitter le ciel pour fuir cette terre, pour fuir la Croix. Mais cette vision du ciel, il en avait besoin pour tenir, pour vivre la suite.

Et nous, réalisons-nous que nous avons, nous aussi besoin de rencontrer notre Dieu, dans la prière, dans l’adoration ? Réalisons-nous que sans Lui nous ne pourrons pas tenir ? Puissions-nous dire avec le psaume 26 : « Je cherche ton visage, c’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. » C’est vrai que nos vies sont trépidantes, mais justement, nous avons encore plus besoin de nous poser de temps en temps avec Dieu, de passer un peu de temps avec Celui qui nous aime et que nous aimons. « Il est bon que nous soyons ici, Seigneur, avec toi » Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire face sereinement à notre vie de tous les jours. « Relevez-vous et soyez sans crainte » nous dit Jésus. Poursuivons notre marche vers Pâques, mais avec Jésus qui marche continuellement à nos côtés.

Père Franck Zeuschner, sv.

Crédit photo : Jérôme Calot (Abbaye du Mont Saint Michel)