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Une déclaration à lire

Chers amis, il y a quelques jours, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, a rédigé une déclaration avec nos frères orthodoxes et protestants. Je suis presque sûr que vous n’avez pas entendu parler de cette déclaration. Je vous invite vraiment à prendre quelques minutes pour la lire posément. Je me suis permis de la reproduire intégralement dans cette feuille hebdomadaire, reportant aux semaines suivantes la belle lettre apostolique de notre pape François sur saint Joseph.

Je trouve cette déclaration très belle et éclairante. Une nouvelle fois l’Eglise se montre « experte en humanité » selon l’expression du Pape Paul VI, en prenant de la hauteur.
Une interprétation anticléricale de la loi de 1905 semble inquiéter les évêques de France et les responsables des autres communautés chrétiennes. C’est la liberté religieuse qui est en jeu, notre liberté d’annoncer le Christ. Rien de bien neuf sous le soleil. Depuis la naissance de l’Eglise, la relation avec l’Etat a souvent été complexe. Non pas que les croyants aient refusé d’obéir aux césars de toutes les époques, Jésus lui-même nous invite à obéir à l’autorité légitime, tant qu’elle n’exige pas quelque chose d’intrinsèquement mauvais, car toute autorité vient de Dieu. Mais les chrétiens expérimentent quotidiennement les paroles de Jésus : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » Je me permets de vous citer de nouveau quelques extraits de la lettre à Diognète qui date de la fin du IIème siècle et qui reste d’une brûlante actualité :

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. (…)
Ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.

Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. (…)

En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde (…)  »

Père Franck Zeuschner, sv