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Un temps pour se taire et un temps pour parler

Certes, cette modeste feuille paroissiale qui me relie avec quelques paroissiens chaque semaine, depuis plus de sept ans, (merci à vous de votre fidélité à me lire !) n’est pas une tribune, elle n’est pas le lieu où se commente l’actualité, mais le lieu où l’on essaie de recevoir, d’accueillir, au plus intime de nos cœurs troublés et blessés souvent, la Parole de Dieu chaque dimanche. Pourtant, quand nos cœurs sont plus éprouvés qu’à l’ordinaire, il est bon, je crois, de partager cette actualité et de la confier au Seigneur et à sa sainte Mère.

C’est la phrase de Qohèleth, l’Ecclésiaste qui revient à mon cœur en ces jours : « Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel : … un temps pour se taire et un temps pour parler. » ( 3 v 1 & 7).

Tout d’abord, devant l’horreur, indicible qui vient de frapper cruellement à quelques kilomètres de chez nous, en une paroisse voisine. Même les enfants du catéchisme m’en ont parlé et nous avons prié pour cette petite fille martyre de leur âge, pour ses parents. Parler, ne pas parler ? Certains peut-être devraient se taire, mais n’est-il pas aussi important que d’autres parlent afin qu’une telle horreur ne puisse se renouveler dans notre pays ? En tout cas, il nous faut pleurer, tous ! Pleurer avec cette famille dévastée, prier pour elle ! L’horreur n’aura pas le dernier mot ! En tant que chrétiens, disciples de Jésus, nous devons être témoins de cela. L’Amour est plus fort que la mort ! Mais, Seigneur, que la nuit est obscure !

De même, alors que nos évêques faisaient encore mémoire du tristement célèbre rapport de la CIASE sur les abus commis par des clercs, voici que nous apprenons qu’un évêque s’est servi jadis de son sacerdoce pour commettre un mal gravissime. Plusieurs, à juste titre, s’étonnent de n’apprendre qu’aujourd’hui des faits connus et reconnus depuis plus d’un an déjà, alors que la transparence semblait être le principe maître et qu’on a, à ce sujet, largement frappé la poitrine de nos prédécesseurs pour demander pardon en leurs noms… Se servir de Dieu, pour faire agir le diable… Celui qui rédige ses lignes n’est certes pas un saint. Mais, un tel comportement est pour moi inconcevable. J’en profite pour remercier le Seigneur de m’avoir toujours donné la grâce de regarder le pécheur avec les yeux du Père Lui-même. Non, je ne tairai pas sa richesse ! Je suis le ministre de la miséricorde du Seigneur depuis près de 30 ans. Innombrables sont les personnes à qui j’ai donné le pardon de Dieu. Les pénitents savent bien que leurs prêtres sont pécheurs et qu’ils sont eux-aussi complètement dépendants de la Miséricorde du Seigneur, mais ils leur font confiance car ils savent qu’ils ne sont pas des corrompus.

Le sacrement du pardon est déjà tellement méconnu, tellement boudé ou redouté, qu’il n’avait pas besoin d’une telle publicité ! Là encore pleurons, devant tant de souffrance, d’incompréhension aussi : comment un prêtre peut-il en arriver, avec le temps, à « utiliser » son sacerdoce à ses propres fins ? Prions pour toutes les victimes, sans oublier non plus l’agresseur.

Puis-je me permettre de citer, une énième fois, la réplique de Sainte Mère Térésa à un journaliste qui lui demandait, en une période déjà troublée : « Mère Térésa, qu’est-ce qui ne va pas dans l’Eglise ? » Celle-ci de répondre : « Ce qui ne va pas ? C’est vous ! et moi ! »

A l’approche de la grande solennité de la Toussaint, que ces nouvelles accablantes, loin de nous décourager, ce qui ferait la part bonne au diable, soient invitation à se jeter toujours plus éperdument dans le Cœur sans limite de notre Dieu.

En ce mois du Rosaire, accrochons-nous fermement à notre chapelet pour prier pour l’Eglise. Nos évêques, successeurs des Apôtres, ont besoin de notre soutien, de notre prière, de notre confiance renouvelée. Ils portent un bien lourd fardeau, qu’ils n’oublient jamais que le Seigneur le porte avec eux.

Père Franck Zeuschner, sv

Crédit photo : Kat Smith