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Un évangile pour mon voisin

Vous connaissez sans doute cet épisode, car il est peu probable que depuis plus de cinq années que je suis avec vous je ne vous l’ai jamais raconté. Vous savez aussi à quel point l’histoire, et l’histoire de notre pays, est pour moi à la fois une source et une lumière qui nous aide aujourd’hui à profiter de l’expérience des anciens et à vivre aujourd’hui avec un peu plus de sagesse.
Pendant la Révolution française et la terrible guerre civile qu’elle engendra, l’histoire du général vendéen Maurice D’Elbée vaut la peine d’être rappelée et retenue aujourd’hui où la liturgie de ce dimanche nous invite, nous presse de pardonner à nos ennemis.
Le 11 avril 1793 eut lieu la bataille de Chemillé, opposant Bleus et Blancs, c’est-à-dire, l’Armée révolutionnaire à l’Armée catholique et royale. Malgré leur victoire, les Vendéens avaient subi des pertes bien plus lourdes que les Républicains, 400 de ceux-ci ayant également été capturés. Les Vendéens, éprouvés par leurs nombreux morts et voulant venger les habitants massacrés au village de Pont-Barré, voulurent exécuter leurs prisonniers. Ils se heurtèrent toutefois à leur chef D’Elbée qui, devant l’insistance de ses hommes, leur fit tout d’abord réciter le Pater Noster. Lorsque ceux-ci arrivèrent au « pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », D’Elbée les arrêta : « Arrêtez ! Ne mentez pas à Dieu ». Ses soldats, tous paysans, très catholiques furent touchés par ces paroles et renoncèrent à leur vengeance. Tous les prisonniers furent sauvés et ce geste resta par la suite connu sous le nom de Pater de D’Elbée.

J’ai choisi aujourd’hui de vous rappeler cette histoire. Ce fait n’est pas isolé. Des exemples de pardons héroïques ne manquent pas non seulement dans l’histoire mais même dans l’actualité. Car le pardon fait partie de la vie parce que l’offense fait partie de nos vies de pécheurs. « Car le juste tombe sept fois mais se relève, alors que les méchants s’effondrent dans le malheur. » Le livre des Proverbes nous aide à ne pas trop nous illusionner. Nous sommes de pauvres pécheurs, nous le récitons humblement chaque jour dans l’Ave Maria.

C’est pourquoi il faut nous convaincre que cet évangile que nous ne connaissons que trop bien ne s’adresse pas seulement à notre voisin, mais bel et bien, en premier à nous. Il pourra également être du coup : bonne nouvelle pour notre voisin qui recevra notre pardon. Chaque semaine en effet nous avons des occasions pour exercer notre pardon et celui des autres aussi…
Prenons le temps de regarder. Quand avons-nous demandé pardon, du fond du cœur, à quelqu’un pour la dernière fois ? Cette attitude est pourtant au cœur de notre vie chrétienne. Mais ce qui est encore plus central et que nous sommes invités à regarder en premier, c’est l’amour que Dieu nous porte, c’est le pardon que Dieu nous a accordé et pas pour des broutilles !

Pour chacun de nous Dieu est mort. Il a versé son Sang si précieux, il a donné sa vie, parce qu’Il m’aime à la folie. Devant tant d’amour, comment ne pas, à notre tour, déborder un peu plus de charité envers notre prochain ? Mais oui, notre prochain a des défauts (comme nous d’ailleurs…) peut-être ne réalise-t-il pas le mal qu’il nous fait, peut-être le réalise-t-il trop bien.

Mais ce mal n’est rien… à côté de nos offenses envers Dieu. Et ces offenses, elles non plus ne sont rien… en comparaison de l’amour incommensurable de Dieu pour nous. Puisons donc dans cet amour, que nous accueillons dans l’Eucharistie pour faire à notre tour miséricorde.

Père Franck Zeuschner, sv