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Suis-je guetteur ?

La question peut surprendre, mais l’expression apparaît dans la première lecture de ce dimanche au livre du prophète Ezékiel : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. » Le rôle du guetteur, sur terre ou sur mer, était autrefois de scruter l’horizon pour prévenir du danger et sonner l’alarme en cas de besoin, un métier au service du bien commun.

Ainsi le prophète, choisi par le Seigneur, est au service du bien des autres, à la fois observateur et lanceur d’alerte pourrions-nous dire.

Mais nous risquons peut-être d’oublier un peu trop vite que nous aussi avons été institués guetteurs. Comment cela ? Depuis notre baptême, n’avons-nous pas en effet été configurés au Christ, Prêtre, Prophète, et Roi ?

Dans l’évangile de ce jour où il est question de la « correction fraternelle », le Seigneur nous invite à poser sur nos frères et sœurs un regard de charité véritable. Pas facile en effet de dire à quelqu’un, son conjoint, son enfant, un collègue ou ami quelque chose qui ressemble à un reproche. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, elle-même, redoutait de devoir faire une remarque à une sœur pour lui faire prendre conscience d’un défaut. Et les éducateurs, que nous sommes tous un peu, savent bien qu’il est plus facile de parler sous le coup de la colère que de reprendre quelqu’un posément, à froid. A ce moment-là, grande est la tentation de renoncer à toute remarque, c’est pourtant ce à quoi nous invite notre évangile. Il est important d’intervenir, mais toujours avec bonté. Le fond est plus important que la forme mais nous savons pertinemment que si la forme n’est pas bonne, si la manière d’intervenir est maladroite, voire désastreuse, notre remarque n’a aucune chance de porter un quelconque fruit.

Mais permettez-moi pour finir de nous arrêter également sur les deux dernières phrases de notre évangile : « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. » On pourrait, de prime abord, ne pas bien voir le rapport avec ce qui vient d’être dit. Notre rôle de guetteur, pour le Christ, n’est pas que négatif. Nous sommes appelés à poser sur nos frères et sœurs un regard de vigilance. Discerner, détecter, ce qu’il y a de bon dans son cœur, ce qui va nous rapprocher l’un de l’autre et qui, forcément nous rapprochera aussi de Dieu. En cette période de rentrée, il est plus qu’urgent de poser ce regard de bienveillance sur notre prochain.

Père Franck Zeuschner, sv.

Crédit photo : Don Owsley (Pexels)