Dans la forme extraordinaire de la liturgie romaine, l’Eglise soulignait et souligne encore la Septuagésime. Qu’est-ce donc que cela ? Trois semaines avant le premier dimanche de Carême, le célébrant abandonne déjà la couleur liturgique verte pour adopter le violet. Il ne s’agissait pas que d’une coquetterie vestimentaire bien évidemment, ce serait ne rien comprendre à la liturgie qui essaie de rendre visible l’invisible mais aussi qui par le visible nous porte à l’invisible. C’était déjà, reconnaissons-le une période de pénitence. Chaque semaine, septuagésime, sexagésime, quinquagésime (une semaine avant la quadragésime c’est-à-dire le premier dimanche de Carême) représentait le chiffre 10 (et non pas 7) et donc les 70 ans de la captivité du peuple juif à Babylone.
Je pense que le Carême est un temps tellement important qu’il faut nous y préparer. Avant qu’il ne commence, réfléchir aux objectifs que nous souhaitons nous proposer pour ce Carême 2021. Notre Carême de l’an dernier fut sans doute un véritable Carême, marqué par ce terrible premier confinement mais il nous faut prendre au sérieux celui-ci. La crise que nous traversons nous a fait mieux réaliser la fragilité, la précarité de notre condition humaine. Nous ne sommes pas en captivité à Babylone, mais tant de choses nous emprisonnent pourtant. Nous ne sommes pas immortels. Nous sommes fragiles. Cette fragilité ne devrait pas nous accabler, mais bien au contraire nous inviter à regarder davantage vers Celui qui est notre force, notre Rocher, la solidité de nos vies, le Christ !
Avec un peu de légèreté, j’en conviens, mais un peu seulement, je disais en chaire que comme nous avions été privés de la célébration eucharistique l’an dernier durant le Carême, nous pourrions décider d’en bénéficier davantage cette année. Je reconnais que les horaires actuels, en raisons du couvre-feu de 18h ne sont pas très pratiques. Mais la messe tous les jours est source d’une grâce incroyable. Nous restons à côté d’un véritable trésor pour nos vies que nous ignorons. Que dirions-nous d’un homme pauvre, qui souffrit toute sa vie de son indigence alors qu’il côtoyait à ses pieds un trésor sans le savoir. Le saint curé d’Ars nous comparait à un homme qui meurt de soif à côté d’un ruisseau d’eaux vives…
Alors profitons de ces dix jours pour préparer notre Carême.
Père Franck Zeuschner, sv