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Permis de tuer ?

Pardon pour le titre de cet éditorial qui ne veut bien évidemment choquer qui que ce soit. L’édito de la feuille paroissial n’est nullement la tribune du curé où celui-ci, se permettant de réagir librement sur l’actualité ferait passer ses idées personnelles. Notre archevêque ne m’a pas confié le soin de cette paroisse pour agir ainsi.
De tout mon cœur cependant, à la suite d’ailleurs du futur président de la Conférence des Evêques de France et Archevêque de Reims, je suis profondément blessé et affligé par la triste actualité de notre pays. Il s’agit de Monsieur Vincent Lambert, 42 ans, qui suite à un accident de la route en 2008 se retrouve dans un état « pauci-relationnel  » qu’on qualifie aussi de « conscience minimale ». Certes, son cas est très complexe, mais il a été décidé, après des années de luttes juridiques, de stopper purement et simplement les soins qui lui sont prodigués, à savoir lui donner à manger et à boire… Nous sommes à l’aube d’assister à la première euthanasie légale dans notre pays.

Je suis actuellement en train de lire la belle biographie du Professeur Jérôme LEJEUNE (1926-1994) écrite par Mme Anne DUGAST, postulateur de sa cause de béatification. Quelle formidable figure de laïc, de médecin, de savant, mais aussi d’époux et de père de famille. Il s’est battu toute sa vie, avec la force de la vérité, sans jamais aucune animosité pour ceux qui refusaient ses positions, pour le respect absolu de la vie humaine. Généticien de renommée mondiale, il a découvert avec son équipe l’anomalie chromosomique responsable de la trisomie 21. Il a ensuite réalisé avec effroi que sa découverte allait aussi servir à éliminer dans le sein de leurs mamans les enfants susceptibles d’être atteints par un tel handicap. Ecoutons-le, ses propos n’ont pas vieilli et s’appliquent parfaitement à ce que nous vivons aujourd’hui :
« Chaque être humain est en droit de recevoir le complet secours de l’art médical. La vie de N. doit être protégée, comme elle est, comme la vie de toute personne. Si le handicap d’une personne pouvait être une raison de s’abstenir de lui procurer des soins, cela conduirait à la conclusion que seules les personnes en excellente santé pourraient recevoir une excellente aide médicale. »
Notre société est bien malade, cela ne date pas d’hier. Elle s’effondre tranquillement parce qu’elle a pris soin de saper consciencieusement ses repères et ses fondements. Mère Teresa disait déjà qu’un pays qui abandonne ses enfants, ou les met à mort est un pays sous développé. Comme il est triste qu’un pays qui se targue d’avoir aboli la peine de mort, la rétablisse finalement de facto, non plus pour des coupables, mais pour des innocents.
Il ne s’agit pas de se lamenter stérilement, il s’agit de prier, de tout son cœur, de croire à la force de la prière. Je me permets de vous laisser la prière que Mgr de MOULINS-BEAUFORT propose pour son diocèse de Reims.

Prions pour M. Vincent Lambert,
pour son épouse, pour sa fille,
pour ses parents, ses frères et sœurs, pour tous ses amis.
Prions pour les médecins, le personnel infirmier et soignant du CHU de Reims
qui s’occupent de lui.
Prions pour ceux qui ont eu et qui ont encore à décider de son sort.
Prions pour que notre société française ne s’engage pas sur la voie de l’euthanasie.
Rendons grâce à Dieu pour ceux et celles qui sont quotidiennement les témoins
de la grandeur de tout être humain menant sa vie jusqu’à son terme.

Père Franck Zeuschner, sv