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Partager la joie de Dieu

Frères et sœurs bien aimés, je ne sais pas si vous avez réussi à prendre le temps d’écouter, l’une ou l’autre (ou les trois) des conférences de Carême de Notre Dame de Paris. Cette année, vous le savez, c’est le Père Guillaume de Menthière, curé à Paris qui se livre, avec brio, à cet exercice si délicat. Il ne s’agit pas de faire de grands discours avec des effets de manche, il s’agit d’annoncer l’Evangile de Jésus Christ qui touche toujours les cœurs. N’hésitez-pas à les regarder ou à les écouter en différé, vous ne le regretterez pas ! La semaine dernière il citait l’anecdote suivante d’une paroissienne qui vient trouver son curé :
« — Quand je lis la Bible, mon Père, comment savoir si j’ai bien compris ?
— C’est très simple, Madame, quand vous refermez le Livre, si vous n’êtes pas complètement bouleversée, c’est que vous n’avez rien compris. »
Et le père de poursuivre : « La réponse est excessive sans doute, mais percutante. Elle voulait provoquer un choc salutaire. Il y a plus dans la Bible que ce que peut en percevoir l’intelligence. Il y a quelque chose qui fait brûler le cœur quand Jésus nous l’explique.  »

L’évangile de ce dimanche, nous rapportant une fois de plus la parabole dite de l’enfant prodigue, que l’on devrait plutôt appeler la parabole du père miséricordieux, nous bouleverse-t-il ?
Vous le savez c’est Saint Luc qui nous la rapporte, l’évangéliste de la miséricorde comme il a été surnommé. Le chapitre 15 est constitué de 3 paraboles nous montrant toutes les trois l’amour miséricordieux du Seigneur pour nous : La brebis perdue, la pièce d’argent égarée et la parabole que la liturgie nous propose en ce dimanche de la Joie où la couleur rose peut remplacer la couleur violette du Carême. Ces trois histoires nous invitent à regarder la joie de Dieu et à la partager. Dieu se fait une joie de nous pardonner, de nous purifier, de nous rétablir dans notre dignité d’enfants de Dieu.

Cette histoire, c’est bien la nôtre ! Ce n’est pas tant l’histoire de notre propre misère que celle de l’amour miséricordieux, infini de notre Dieu pour chacun et chacune de nous ! Pour nous, il s’abaisse, nous supplie d’entrer pour retrouver son amitié, son alliance. Cet amour fou de son père, le fils cadet ne l’a même pas vu, il ne pouvait le voir, préoccupé qu’il était à ne se regarder que lui-même… Le fils aîné ne l’a pas vu non plus. Il refuse l’attitude de son père envers celui qu’il n’est même plus capable d’appeler «  mon frère » mais «  ton fils ». Il la trouve injuste. Restant hélas dans un système de donnant-donnant « Je reste avec toi, j’ai donc droit à… mais surtout pas lui ! » il ne parvient pas à entrer dans la logique d’amour certes déconcertante du père.
Dans les deux premières paraboles Jésus nous interroge, mais n’attend pas notre réponse, de peur peut-être que nous répondions par la négative, tant nous pouvons trouver ce comportement excessif. Une brebis vaut-elle la peine qu’on se donne tant de mal ?
v4 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? »
v8 « si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? »

Dans la troisième l’amour de Dieu ne nous interroge même plus et le Seigneur apporte lui-même la réponse : v32« Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Acceptons de nous laisser dépasser par notre Dieu si déroutant qui ne se contente pas d’aimer les gentils (je veux dire ceux que nous estimons l’être) mais tous les hommes pour lesquels Jésus est mort et qu’il veut sauver. Laissons-nous réconcilier avec Lui !

Père Franck Zeuschner, sv