Un peu plus seul en communauté, j’ai eu le loisir de voir les actualités nous parler du sujet du moment : le pass sanitaire. Je ne dis pas bien sûr qu’il s’agit là d’un sujet banal ou anodin, non. Mais je retiens qu’on juge bien vite, on catalogue en enfermant les personnes dans des catégories : les pro ou les anti. Toute vraie discussion devient alors impossible, et de toute manière on n’écoute pas l’autre sauf pour repérer dans ses propos une faille où pouvoir immédiatement s’engouffrer. Diviser ainsi permet de ne pas trop se poser de questions sur le fond du problème. Mais la véritable réflexion, elle, est souvent absente des débats passionnés. Nos églises, nos paroisses, vont-elles, elles-aussi souffrir de ces divisions ?
Bien évidemment nos communautés sont concernées. Une communauté paroissiale n’est pas une bande de copains ayant la même passion. Nous sommes tous très différents, par l’âge, la culture, l’éducation. Notre diversité est aussi notre richesse. Face à la crise sanitaire, chacun et chacune a fait des choix pour soi et sa famille. Il est important de nous respecter infiniment mutuellement. Dieu merci, je pense que c’est le cas. Comment en effet pourrais-je demander à être respecté dans mes convictions si je ne respecte pas celles des autres qui sont différents de moi ? Cette unité dans la vérité est un véritable défi aujourd’hui et toujours.
Un autre sujet de tension et de division est survenu dans l’actualité de l’Eglise la semaine dernière. Notre Pape François a publié un motu proprio, un document, concernant la limitation de l’usage du missel d’avant le concile Vatican II. Notre paroisse semble peu concernée par ce sujet. Personne ne m’a jamais contacté pour demander que la messe puisse être célébrée sous cette forme dans notre paroisse. Pourtant de nombreux chrétiens sont attachés à cette forme et ils ont été nombreux à avoir été surpris et troublés. Je reconnais avec eux que la forme semble rude, qu’on a du mal à y reconnaître celui qui invite ses prêtres « à avoir « l’odeur de ses brebis » à être capables de vivre, de rire et de pleurer avec votre peuple, bref de communier avec lui. » Mais là encore ce serait une erreur de tomber dans la révolte, le découragement et la tristesse. En tant que religieux, j’ai fait, il y a 33 ans, le vœu d’obéissance, au Christ et à son Eglise. Obéir quand tout va bien, quand celui qui commande exige ce qu’on aurait soi-même accompli, ce n’est pas trop compliqué. Mais obéir quand on ne comprend pas, quand on a l’impression que le bien n’est pas dans cette direction, c’est autre chose, cela devient héroïque ! C’est bien pourtant de cela dont il s’agit. Nous écoutons tous, gentiment, sans sourciller, le récit du sacrifice demandé à Abraham d’immoler son fils Isaac. Qu’aurions-nous fait ? Difficile de répondre à une telle question.
Il nous faut donc prier de tout notre cœur pour tous ceux qui souffrent particulièrement de cette incompréhension. Ils sont nos frères et nos sœurs ! Nous appartenons au même corps mystique du Christ qui est l’Eglise. Quand un membre souffre, tout le corps souffre également. C’est cela l’Eglise ! Il nous faut prier pour notre saint Père le Pape François qui a besoin, plus que jamais de notre prière.
Oui, comme il est tentant et facile de tomber dans le piège de la division. L’Eucharistie que nous recevons chaque dimanche, ou plus souvent, nous unit au Christ et nous unit les uns aux autres. C’est dans ce Cœur de Jésus que nous devons nous réfugier et nous blottir, il nous consolera !
Marie, mère du bon Conseil, priez pour nous !
Père Franck Zeuschner, sv.