En ce premier dimanche de Carême, nous retrouvons Jésus au désert. Ce lieu que nous ne fréquentons jamais. En effet ici, pas de magasins, pas de nourriture, pas d’amis, pas de téléphones portables ni de réseau internet, pas de confort ni de sécurité. Si nous nous rendons au désert il n’y a que nous… et Dieu aussi.
Jésus au seuil de sa vie publique après ces 30 mystérieuses années de « vie cachée » pendant lesquelles il a voulu vraiment épouser notre condition humaine dans la simplicité du quotidien se rend donc en ce lieu. Il s’y rend pour nous. Il va mener le grand combat mais pas pour lui, pour nous. Jésus y rencontre tout d’abord le dénuement le plus complet : le froid, la faim, la soif aussi, la précarité. Puis c’est la rencontre avec le démon. Cet ange de lumière déchu. Déchu parce que jaloux. Toute son existence aurait dû être une magnifique action de grâce devant tout ce que Dieu avait fait pour lui, pour le combler. Mais non ! Au lieu de se réjouir de tout ce qu’il avait et de tout ce qu’il était, de tout ce qu’il avait reçu de Dieu, il s’assombrit et devient jaloux en face de ce que d’autres peuvent ou pourront avoir : jaloux de Dieu lui-même et jaloux des hommes aussi… Son affligeante raison de vivre (si je puis dire) devient de tenter de monter les hommes contre leur Créateur, d’en faire ses esclaves pour éviter que ceux-ci deviennent les fils et les filles bien-aimés de leur Père du ciel. Devant un tel combat nous ne faisons pas le poids. Alors Jésus est tenté à notre place. Bien sûr son cœur n’est pas comme le nôtre blessé par le péché.
D’ailleurs être tenté, ce n’est pas consentir au péché. La tentation ne rentre dans notre cœur que si on lui ouvre la porte. Et si au contraire on combat, notre acte est méritoire et nous fait progresser dans la vertu éprouvée. Dieu se réjouit de nos combats. La petite Thérèse pour expliquer cela disait que la meilleure façon de faire briller les objets en cuivre c’était de les enduire de boue. Après que la boue ait séchée, on frotte et ils reluisent de mille éclats ! Nos efforts de carême ont un but : lutter avec amour contre le mal pour nous faire progresser dans l’amour.
En ces jours, notre monde est à juste titre préoccupé par ce terrible virus qui se propage. Prenons dans nos prières tous ceux et toutes celles qui souffrent de cette terrible situation. Certains chrétiens ne peuvent plus se rendre à la messe. Certaines personnes sont confinées et ont dû renoncer à toute vie sociale.
Père Franck Zeuschner,sv