Comme la semaine dernière on interroge Jésus, et comme la semaine dernière, on lui pose une question mais pas tant pour savoir la vérité que pour le faire tomber, le prendre au piège. N’oublions pas que notre évangile se situe à Jérusalem, entre l’entrée triomphale de Jésus et sa passion. Le Christ, lui, qui est la Vérité, sait pertinemment que ses interlocuteurs ne la recherchent pas, il va quand même leur répondre et apporter une fois de plus une lumière éclatante à tous ceux qui marchent dans les ténèbres.
Quel commandement est le plus grand ? Cette question peut nous paraître sans importance. Elle ne l’était pourtant pas pour les pharisiens, ces hommes soucieux d’obéir à chaque détail de la loi d’Israël. Et il y en avait des commandements et des préceptes ! En tout 613 ! On peut comprendre qu’il y ait besoin de lumière pour y mettre un peu d’ordre. Surtout qu’il y avait souvent des conflits, dont l’exemple connu : « La sanctification du Seigneur passe-t-elle avant la piété filiale et l’aide à apporter aux parents ? » (Marc 7 v10-11) etc. De nos jours de telles préoccupations habitent peu nos esprits et nos cœurs et c’est peut-être dommage. Avec le long Psaume 118, nous chantons pourtant de tout notre cœur « Tu as posé une lampe une lumière sur ma route, ta Parole Seigneur » mais la loi des hommes ne nous préoccupe-t-elle pas parfois davantage que celle de Dieu, qui est inscrite au plus intime de nos cœurs ?
Jésus va donc citer le Deutéronome (6 v5) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. » qui était alors plus que connu et rajouter une citation du livre du Lévitique (19 v18) : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Tout est là, veut nous dire Jésus. Si nous attachons à ceux-là, nous n’en négligerons aucun de tous les autres et nos cœurs pourront être en paix. Ces deux commandements (3 même à y regarder de plus près) portent en eux tous les autres. L’évangéliste Matthieu, qui nous le savons a bénéficié de la miséricorde du Seigneur, nous invite à aller à l’essentiel. Aime, aimait à répéter saint Augustin, et fais ce que tu veux. Parce que si tu aimes en vérité, tu seras vraiment libre et ton cœur connaitra la paix.
Oui, un Dieu et des frères à aimer, c’est tout le programme que nous sommes invités à vivre, non pas tant affectivement, en attendant que nos frères et sœurs deviennent aimables, mais bien plutôt effectivement, en commençant aujourd’hui, maintenant, là où nous savons que le Seigneur nous attend et en nous attelant à cette urgente mission.
Père Franck Zeuschner, sv.