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La question qui fâche

Jésus est un habitué des questions : des grandes, des petites, des intelligentes, des sournoises et des intéressées, de celles qu’on lui pose sans se soucier de la réponse mais juste pour le mettre mal à l’aise ou même lui tendre un piège. La question de l’évangile de ce dimanche n’est pourtant pas posée par un opposant mais par un ami proche : Pierre. Et nous devons le reconnaître, grande doit être notre reconnaissance envers lui d’avoir osé poser une telle question, celle qui brûle toutes les lèvres, mais que personne n’osait poser à Jésus.

Cette question touche en effet un point sensible, très sensible de nos existences. Oui elle nous regarde tous et personne ne peut dire de manière crédible et sérieuse : « Le pardon, euh non, je ne suis pas concerné. » Nous avons tous sans doute à demander des pardons et aussi à en accorder. Toute vie commune, une famille, un couple, une entreprise, une classe, une communauté religieuse, une entreprise, une nation même, sont autant d’écoles de pardon. J’aime cette phrase que mon prédécesseur, le Père Chéreau, avait à cœur d’inculquer aux futurs mariés de la paroisse, les invitant à ne pas se coucher le soir sans revenir sur les éventuelles offenses de la journée : « Aujourd’hui tu me pardonnes, demain je te pardonnerai. » Ce pardon est vital, il nous permet d’avancer, de vivre de ne pas suffoquer.

A la question de Pierre « Lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? » Jésus a dû se sentir assez étriqué sur les possibilités de réponse puisque Pierre s’empresse de rajouter : « Jusqu’à sept fois ? » C’est une question à choix multiples avec une seule réponse possible… Comme à son habitude, Jésus ne se dérobe pas et réponds à la fois avec vérité et charité. Soixante-dix fois sept fois ! Inutile de se précipiter sur nos calculettes (enfin pour les moins doués en calcul mental d’entre nous…) Le chiffre 7 indique la perfection. La réponse de Jésus signifie donc qu’il ne faut mettre aucune limite au pardon. Cette réponse laisse Pierre sans voix et nous avec lui.

Pour ne pas nous laisser dans cet état d’hébétude, Jésus nous offre une parabole, qui a déjà le mérite de nous décentrer de nous-même, de nos propres blessures. Il y a une telle disproportion entre l’attitude d’une extrême générosité du roi d’un côté et la mesquinerie du serviteur de l’autre, qui a oublié si vite le bien qui venait de lui être fait. Jésus a donné sa vie pour nous, par amour, pour nous sauver de la mort éternelle, Il nous a tout pardonné. Ne l’oublions-nous pas un peu trop rapidement ? Le pardon n’est pas autre chose qu’un effort d’amour qui passe sur la blessure infligée pour qu’elle puisse guérir. Se savoir éternel débiteur du pardon de Dieu peut nous aider à avancer sur le chemin du pardon qui sans cela risque de s’avérer impossible.

Père Franck Zeuschner, sv.

Crédit photo : Monstera Production (Pexels)