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L’IVG dans la Constitution ?

Retrouvez dans cet article la déclaration courageuse et limpide de Mgr Matthieu Rougé,
évêque de Nanterre mais aussi celle de l’archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay.

Déclaration de Monseigneur Matthieu Rougé

Les sénateurs ont voté mercredi dernier dans les mêmes termes que les députés un projet de constitutionnalisation du droit à l’interruption volontaire de grossesse, ouvrant ainsi la voie à un vote définitif du Congrès dès lundi prochain. Ce vote est une source de grande tristesse et de profonde inquiétude.

Rien ne justifiait cette disposition, comme l’affirmait d’ailleurs, clairement et fermement, le rapport de la sénatrice chargée de préparer le débat du Sénat. Quoi que l’on pense de la loi de 1975, il est frappant de voir comment une loi affirmant ouvrir une possibilité d’urgence a conduit à instaurer un prétendu droit fondamental, le verrou devenant cliquet, dans une dangereuse inversion des valeurs. Il faudra se rappeler cela au moment du débat sur la fin de vie.

Beaucoup de parlementaires plutôt interrogatifs voire réservés sur cette constitutionnalisation n’ont pas réussi à résister aux pressions du politiquement ou médiatiquement correct. Il faut du coup saluer le courage de ceux qui ont tenu bon, en hommes et femmes de liberté et de vérité. Que d’autres n’aient pas peur de les rejoindre au Congrès de lundi prochain : un vote massif en faveur de la constitutionnalisation de l’IVG ne serait vraiment pas à l’honneur du Parlement français.

Un risque de cette constitutionnalisation est de fragiliser le droit des médecins à l’objection de conscience. Un amendement visant à le protéger a également été repoussé au Sénat. Il faudra donc être particulièrement vigilant sur ce point dans l’avenir, à propos de l’IVG mais aussi de l’euthanasie.

Une Constitution est faite pour fixer le socle de la vie commune d’une société. Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu’elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur.

La plupart des parlementaires, prisonniers de l’air du temps, ont craint de se « ringardiser » par leur vote. C’est plutôt l’absence d’enracinement qui démode rapidement : le discrédit de beaucoup de nos politiques le manifeste amplement. Notre espérance et notre engagement, notre certitude, c’est que le respect aimant de la vie, en paroles et en actes, lui, ne se ringardisera jamais !

Déclaration de Monseigneur Olivier de Germay

Le 30 janvier dernier, l’Assemblée nationale a donc voté en faveur du projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la liberté de la femme à recourir à l’IVG.

En 1975, Simone Veil obtenait que l’avortement soit dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il demeurerait toujours un drame. Depuis, tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG. Les résultats sont là : 2023 vient d’établir le triste record de 234 300 IVG en France alors que la tendance est à la baisse partout ailleurs en Europe.

Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l’égale dignité de toute vie humaine – principe à valeur constitutionnelle – et la liberté d’accès à l’avortement. Comment expliquer une telle contradiction ?

Une des explications est liée, selon moi, à la succession des lois dites sociétales votées en France depuis quelques dizaines d’années. Celles-ci, en effet, se focalisent sur des droits individuels en oubliant ou en sous-estimant leurs portées sociales. Or la cohésion sociale ne peut que se dégrader – n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui ? – si on se contente de définir des droits individuels sans resituer la personne dans le jeu des relations qui la constituent.

Est-il juste de faire peser sur les seules épaules des femmes enceintes une question aussi grave ? Comment pouvons-nous reléguer à la seule sphère privée une option touchant au respect du plus fragile ? Cette option définit en effet, pour une part, le modèle de société que nous souhaitons, et engage notre avenir.

N’est-ce pas également la société tout entière qui devrait porter le souci des femmes enceintes dans des conditions difficiles, de celles qui ont besoin d’être soutenues dans leur maternité, ou encore de celles se retrouvant dans une douloureuse solitude après avoir fait le choix d’une IVG ?

Nous sommes en réalité tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? Il devient difficile aujourd’hui de s’exprimer sur ce sujet sans prendre le risque de devenir une cible médiatique. Beaucoup de personnalités publiques ont d’ailleurs déserté le débat. Que deviendra ce dernier si la loi venait à être adoptée ? La liberté d’expression sera-t-elle garantie ? Et la liberté de conscience ?

Certains craignent que l’opinion publique sur l’avortement ne change. Verrouiller définitivement les choses pour anticiper une telle hypothèse, n’est-ce pas un déni de démocratie ?

J’ose croire, quant à moi, que le jour viendra où la lumière se fera sur cet angle mort de notre conscience collective. Telle est mon humble espérance !

Crédit photo : David Henry (Pexels)