Il avait tout compris : aimer Dieu et aimer son prochain n’est qu’une seule et même chose et il va encore plus loin : « Il ne me sert à rien d’aimer Dieu si mon prochain ne l’aime aussi. » L’apôtre n’est pas avant tout celui qui fait plein de choses pour la gloire de Dieu, mais bien plutôt celui qui est prêt à tout entreprendre pour faire connaître le Christ et sa charité à tout être humain et tout spécialement au plus faible, au plus fragile, au plus délaissé. Pour lui, chaque être humain était une pauvre brebis perdue ignorant que Dieu l’aime éperdument. Il a donc eu à cœur de rejoindre chacun dans son épreuve, dans sa misère, pour l’aider à s’en sortir. Il s’est véritablement fait tout à tous.
Ainsi les galériens, les mendiants, les malades, les enfants abandonnés, les vieillards, les pauvres paysans, les habitants des territoires dévastés par les guerres (armées amies ou ennemies qui laissaient après leur passage une véritable terre brûlée) les futurs prêtres alors sans formation, mais aussi parfois des personnes proches de la cour comme par exemple Monsieur et Madame de Gondi, tous bénéficiaient de son zèle et de sa charité toujours plus inventive. Lors des nombreuses épidémies qui ont touché notre pays à son époque, Monsieur Vincent ne vivait pas confiné… parce que la charité le pressait. Il envoyait ses courageuses filles de la Charité et se rendait lui-même, en personne au chevet des malades pour leur porter secours. Parce que la charité est comme un feu. Comme l’écrivait le Père Jean-Léon Le Prevost, fondateur des Religieux de saint Vincent de Paul : « Elle ne faillit pas et ne reste pas en chemin. Une fois allumée, il faut qu’elle s’étende, brille et porte au loin sa chaleur… La charité, comme la flamme, consume et purifie ; elle nous pénètre et nous vivifie ; par elle nous sommes transfigurés. C’est la charité qui nous pousse et nous presse. Nous sommes mus par elle ; par elle, si ardente, si puissante ; par elle, force, volonté, amour, amour infini, amour de Dieu ! »
Père Franck Zeuschner, sv