De nouveau notre pays entre dans une période difficile, une période troublée, où comme d’habitude les plus petits, les plus faibles, les plus pauvres risquent d’être ceux qui vont en souffrir davantage.
Il y a tout d’abord cette terrible épidémie et le retentissement qu’elle a sur notre vie quotidienne par ce nouveau confinement. Certes il faut savoir faire des sacrifices pour le bien commun. Mais doit-on sacrifier l’essentiel ? La question vaut, il me semble, quand même la peine d’être posée. Une nouvelle fois, comme il y a quelques mois, après les fêtes de la Toussaint, interdiction est faite aux pasteurs que nous sommes de célébrer la messe pour notre troupeau. Les spectacles sont interdits, la messe aussi… La messe, cependant n’est pas un spectacle. S’il est indispensable de continuer à prendre soin de notre corps, ne doit-on pas, combien plus, prendre aussi soin de notre âme ? Sauf si l’on considère que l’être humain est un vivant parmi tant d’autres… La place de l’être humain dans notre société serait je crois un beau sujet de réflexion.
Pendant cette période, si venir à la messe n’est plus possible, il vous sera possible, et même profitable de sortir pour venir prier quelques instants dans notre église. N’oubliez pas de remplir l’autorisation de déplacement dérogatoire. Il s’agit d’un déplacement bref, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, lié à l’activité spirituelle des personnes… « La prière est la respiration de notre âme », aimait à rappeler saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars. Alors, venez prier pour notre pays et ses habitants, et n’hésitez pas à demander un prêtre pour recevoir le sacrement du pardon.
De nouveau, comme la semaine dernière un horrible attentat endeuille notre pays et l’Église de France. Un de plus, chacun est l’attentat de trop. Les martyrs, existent toujours, ils n’ont même jamais été aussi nombreux à verser leur sang pour le Christ. Prions pour ces victimes innocentes, pour leurs familles qui ont basculé en un instant dans l’horreur, le chaos. Face à cette escalade de haine, de mépris, de violence et de bêtise, il ne s’agit nullement de surenchérir : « Heureux les artisans de paix » nous rappelle notre évangile de la Toussaint. Respectons-nous les uns les autres, aimons-nous les uns les autres !
La communauté musulmane est très présente dans notre quartier, quelle idée diabolique de nous monter les uns contre les autres ! Je ne partage pas la foi des musulmans bien évidemment mais chacun et chacune d’entre eux est pour moi un frère et une sœur bien-aimés. Pas plus tard qu’hier lors de la distribution alimentaire, une dame musulmane, nous présentait ses condoléances pour le deuil qui venait de nous toucher. Quelle délicatesse ! Ce mélange de convictions, de cultures doit continuer à être la richesse de notre quartier.
Que cette fête de la Toussaint, où le ciel s’entrouvre, pour nous rappeler notre destinée éternelle, nous aide à vivre chaque jour en ressemblant à Jésus, dont les béatitudes dressent le beau portrait. Alors, et alors seulement, la terre ressemblera un peu plus au ciel.
Père Franck Zeuschner, sv.