La célébration de ce jour est à la fois toute simple et éloquente. Le prêtre qui devient curé d’une paroisse, à qui l’archevêque confie cette charge, est invité à ne pas se perdre dans le détail de sa charge et à ne jamais oublier l’Essentiel. L’Essentiel, c’est Dieu, c’est Jésus-Christ qui donne sa vie par amour pour sauver chacun et chacune d’entre nous ! Cette célébration comprend donc quatre particularités :
Tout d’abord ce jour là c’est le curé lui-même qui va proclamer l’Evangile. Dans une bénédiction développée l’évêque lui rappelle qu’annoncer l’Evangile est sa tâche principale. Il ne s’agit pas seulement de lire l’Evangile solennellement à la messe, encore moins de faire un beau discours juste après. C’est toute sa vie qui doit être une annonce de l’Evangile ! Cette annonce s’effectue certes par la prédication, mais aussi par le catéchisme et toutes les prises de parole collectives et plus personnelles pour former et soutenir ses paroissiens. La Parole de Dieu est une nourriture dont nous ne pouvons pas nous passer. Mais cette annonce de l’Evangile doit surtout se faire par la vie même. Grande est la tentation d’être un bon pharisien, de dire, et de ne pas faire, d’être exigeant pour les autres et trop indulgent pour soi-même. Comme je fais miennes ces belles paroles de St Grégoire le Grand : « Je ne pratique pas la prédication comme je le devrais ; et lorsque cette prédication est suffisante, ma vie ne concorde pas avec ma parole. (…) Mais le créateur et rédempteur du genre humain est assez puissant pour me donner, malgré mon indignité, et la noblesse de la vie et l’efficacité de la prédication, car c’est pour son amour que je me consacre totalement à sa parole. »
Deuxième temps, après l’homélie, au moment de la Profession de Foi. Il est rappelé au nouveau curé que sa mission est d’annoncer et de défendre la foi de l’Eglise. Cette foi qui rassemble l’Eglise depuis 2000 ans et qui nous est transmise de génération en génération depuis les apôtres, cette foi qui est adhésion et enracinement dans le mystère de Dieu qui s’est révélé à nous.
A la fin de l’offertoire, l’évêque lui confie la charge de sanctifier les fidèles de la paroisse en les faisant vivre des sacrements qui nous comblent des bienfaits et du salut de Dieu.
Enfin, avant le baiser de paix, l’évêque lui rappelle et lui demande d’accomplir cette mission dans un esprit de service et d’amour.
Ce programme est magnifique et enthousiasmant, il me remplit de joie et d’action de grâce depuis le jour de mon ordination, le 12 juin 1993, où je suis devenu prêtre de Jésus des mains de Mgr Yves-Marie Dubigeon dans notre église paroissiale.
Ce jour là j’ai découvert deux choses en même temps. J’ai découvert à quel point, moi j’étais petit, tout petit, mais aussi et surtout comme notre Dieu est grand, non pas d’une grandeur qui nous écrase, mais qui nous soulève, qui nous pardonne, qui nous réjouit et nous fait vivre !
Si vous saviez comme la vie du prêtre est belle ! Elle est magnifique, parce qu’il sait bien que la mission que le Seigneur lui confie le dépasse totalement, il sait qu’il n’est qu’un instrument, un spectateur émerveillé de ce que Dieu est capable de faire dans le cœur des hommes, il est comme une poterie sans valeur mais qui porte en elle-même un trésor de grand prix. Quelqu’un disait « La journée d’un prêtre est le résumé de la vie humaine. » C’est vrai ! Nous baptisons des tout petits, rencontrons des enfants et des adolescents par la catéchèse et nos patronages, nous préparons au mariage, pardonnons les péchés, nourrissons les fidèles du pain eucharistique, donnons le sacrement des malades et accompagnons le défunt jusqu’à sa dernière demeure pour qu’Il soit accueilli par notre Père plein d’amour. Samedi saint dernier, parmi vous, j’ai réalisé que j’avais donné cinq sacrements dans la même journée. Vendredi dernier j’ai eu la joie de passer dans chaque classe de l’école primaire, toute la matinée à rencontrer des enfants. Dans l’après-midi je célébrai la messe au centre Robert Doisneau devant une quarantaine de malades en fauteuil roulant. Ces personnes ne font pas de bruit, et pourtant si nous savions le bien qu’elles font par l’offrande de leurs souffrances, de leurs handicaps, par leur gentillesse ! Rendons grâce au Seigneur pour le patronage qui protège et évangélise la jeunesse du quartier depuis plus d’un siècle. Quelle belle paroisse nous avons ! Il n’est pas besoin de faire de grandes recherches pour savoir qu’elle n’est pas la plus riche de Paris, je veux dire financièrement, mais aux yeux du Seigneur elle a pourtant un prix inestimable.
La liturgie nous offre ce dimanche le bel épisode de la profession de foi de Pierre. Mais c’est chacun de nous que le Seigneur interroge en ce début d’année : « Et vous, que dites-vous, pour vous, qui suis-je ? » Ce n’est pas une petite question, de notre réponse dépend toute notre vie. Le Christ est-il accessoire dans ma vie, ou est-il tout pour moi ? Prenons le temps de répondre, mais pas trop non plus. N’ayons pas peur d’imiter l’impétuosité de Pierre, nous lui ressemblons tant, enchainant les déclarations d’amour et les plus ou moins grandes trahisons. Mais la miséricorde du Seigneur aura le dernier mot si nous nous tournons toujours vers elle.
Pour finir, avec vous, je me tourne vers le ciel, confions ces six années à Notre Seigneur et à sa tendre Mère, Notre Dame du Bon Conseil, demandons à St Vincent de Paul de nous aider à toujours voir les plus petits, les plus pauvres et de leur venir en aide.
Que chacun réalise qu’il a une place importante dans cette paroisse, comme il a une place magnifique dans le Cœur de Dieu.
Père Franck Zeuschner, sv