Accueillir l’évangile de ce dimanche demande un effort réel. Grande en effet est la tentation de ne l’écouter que d’une oreille et de ne pas trop chercher à le comprendre. Un autre risque, dans lequel nous pouvons également tomber, serait de s’émerveiller des formules paradoxales de Jésus : « Si quelqu’un veut être le premier qu’il soit le dernier… » Sans chercher davantage ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui. Jésus Christ ne fait pas de rhétorique. Il s’adresse à nous et nous sommes tous capables, si nous le voulons, d’accueillir ces paroles de lumière et de vie.
Alors de quoi s’agit-il ? Jésus voudrait-il nous dissuader d’avoir de l’ambition, de vouloir réussir ? Prônerait-il un nivellement par le bas ou la médiocrité et la tiédeur seraient reines ? Les enfants de l’école devraient-ils dorénavant employer leurs énergies à être les derniers ? Écoutons bien Jésus.
Il vient d’annoncer le mystère de sa passion à ses apôtres. Ceux-ci sont décontenancés. Ils ne comprennent rien à cette déclaration de leur maître et même la refusent. Mais réalisant que Jésus s’apprête à les quitter et qu’ils vont se retrouver seuls, ils songent peut-être à trouver un successeur. Le cœur de l’homme ne change guère avec les siècles. Cette convoitise, cette jalousie, cette rivalité que dénonce Saint Jacques dans la deuxième lecture auront toujours hélas une place de choix dans le cœur humain.
Ce cœur qui est blessé, meurtri par le péché. Le Seigneur ne nous invite pas à perdre toute ambition. Il nous invite à lutter contre notre orgueil qui nous fait chercher à tout dominer, à écraser les autres pour les considérer de haut. Dieu a beaucoup plus d’ambition sur nous que nous-mêmes. Si nous savions ce que Dieu veut pour nous ! Il veut faire de nous ses enfants bien-aimés !
Mais le Royaume du ciel ne se conquiert pas comme les royaumes de la terre. Comme dans un miroir, comme le reflet d’un paysage magnifique dans un plan d’eau, tout est inversé. Dans le Royaume du ciel, c’est le petit enfant qui est roi, car il est le plus faible, le plus innocent, le plus spontané, le plus généreux, en lui aucune dissimulation. Jésus nous invite à lui ressembler. Il nous invite à toujours redécouvrir comme l’humilité nous apporte une belle joie et une paix véritable.
J’aime cette belle phrase du savant Louis Pasteur :
« C’est quand il est à genoux que l’homme est le plus grand. »
Père Franck Zeuschner, sv