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Dieu nous donne tout

Nous entrons en ce jour dans le triduum pascal. Jésus nous invite à le suivre, non pas pour nous donner mauvaise conscience nous disant sur un air de reproche quelque chose comme : « Alors tu vois ce que j’ai fait pour toi !? » Non, c’est en ami qu’il s’adresse à nous : «  Je vous appelle mes amis.  » (Jean 15 v15). Rien que ce titre, pourtant magnifique, nous déconcerte. C’est pourtant bien ses amis qu’il invite à le suivre sur ce chemin incompréhensible pour eux, pour nous. Il a besoin de notre soutien, de notre attention, de notre prière, de notre cœur. Une fois de plus, si nous essayons de comprendre le sens de ces événements sans se servir de notre cœur, c’est peine perdue, nous n’y arriverons jamais.

Alors comment allons-nous vivre ce triduum, en cette année 2020, alors que les célébrations seront célébrées sans assemblée ? N’est-ce pas le moment ou jamais de laisser notre cœur rejoindre celui du Christ qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous ?

Le don de l’Eucharistie et celui du sacerdoce que le Seigneur nous fait en ce soir du Jeudi saint revêtent une dimension toute particulière. Car le don qui nous est fait c’est notre salut, c’est à dire notre vie. Et comme je le répète souvent, Dieu nous sauve gratuitement certes, mais pour ce faire il paie très cher, il le paie de sa vie. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jean 15 v13) Cette phrase est magnifique, mais nous pourrions ou devrions répéter, c’est fou ! C’est complètement fou ce que Jésus fait pour moi ! Sommes-nous à ce point bouleversés par ce don inestimable qui nous est fait en ce soir ?

Voici plus de trois semaines que les chrétiens sont privés de la communion eucharistique. Certes, le Seigneur est plus grand que ses sacrements et la communion spirituelle nous donne également le Christ, mais avons-nous faim de l’Eucharistie ? Il est des personnes de la paroisse qui me « harcèlent  » (doux harcèlement je dois l’avouer) pour pouvoir communier mais qui ne veulent pas non plus de passe-droit. Croyons-nous vraiment de tout votre cœur que sans Jésus nous ne pouvons rien faire ? Est-ce que la messe nous manque ?

En ce soir prions pour demander un plus grand amour de l’Eucharistie, c’est à dire un plus grand amour de Jésus, pour demander que l’amour de Jésus se répande en nos cœurs. Je pense tout particulièrement aux enfants et aux jeunes qui préparent leur première communion à la paroisse, dont je n’ai pas beaucoup de nouvelles. Leur première communion, fixée au 2 et 3 mai sera forcément reportée. Je pense à nos catéchumènes : Julia, Arturo et Hervé, qui souffrent avec patience du report de leur baptême, de leur confirmation et de leur communion qui auraient dû être célébrés à Pâques. Avons-nous faim et soif de Dieu, avons-nous un besoin vital de Lui ? Prions tout particulièrement pour eux en ce jour.

Prions aussi pour les prêtres dont c’est la fête en ce jour. Ils prient pour vous mais ont aussi un grand besoin de vos prières. Pour les prêtres décédés à cause de cette pandémie, notamment les Pères Jean-Paul, Xavier et Thomas, pour les prêtres isolés et malades, le Père Lucien, le Père Bernard, pour les prêtres de votre communauté paroissiale : Le Père André, en confinement à l’EHPAD, le Père Jean-Luc, le Père Yves et moi-même. Afin que nous ressemblions davantage à Jésus à qui nous avons été configurés par le sacrement de l’ordre. Les prêtres sont là pour vous donner la vie divine, la grâce. Comme je souhaite bien évidemment que cette pandémie s’arrête au plus vite, mais comme je souhaite aussi qu’elle soit l’occasion pour les chrétiens d’une nouvelle prise de conscience que nous ne pouvons pas vivre dans le Christ.

Père Franck Zeuschner, sv.