Le pasteur que je suis, sans être scrupuleux, est bien sûr rejoint par de telles paroles jaillies de la bouche même du Seigneur. Notre responsabilité est grande ! Le Seigneur a déposé un lourd fardeau sur nos épaules : son fardeau à lui. Il y a quelques années dans l’ancien rituel de l’ordination des prêtres, l’évêque s’adressant à l’ordinand (le futur prêtre) lui disait : « Ce que vous faites est dangereux ». Ces paroles en effet peuvent surprendre mais elle rappelait que le prêtre ne s’engageait pas dans une mission de routine, de simple surveillance, où il ne s’agirait qu’à effectuer quelques rondes de contrôle pour vérifier que tout va bien, que tout ronronne pour le mieux. Bien sûr vos prêtres sont dans la paix et joyeux de remplir la mission que le Seigneur leur confie, mais vous vous tromperiez grandement si vous estimiez qu’ils ne se remettent jamais en question, que jamais, aucune situation ne les empêche de dormir. C’est du salut d’une âme dont il s’agit. Si vous saviez ! Heureusement que la prière est là ainsi que la grâce du Seigneur.
Les contemporains de Jésus se pressaient pour le voir, le toucher, le rencontrer. Leur attitude n’était certes pas purement spirituelle, il y avait beaucoup d’intérêt dans leur façon de faire, mais ils cherchaient Jésus.
Qui cherche le Christ aujourd’hui ?
Dieu merci, c’est pour moi une joie véritable et une douce consolation que de constater quotidiennement que le Christ nourrit et comble toujours les besoins les plus essentiels des hommes et des femmes de notre temps. Je me rappelle de ma courte expérience pastorale en terre africaine : les confessions durant des heures chaque semaine, les messes avec un peu moins de 900 personnes à la messe anticipée du samedi soir et des foules nombreuses le lendemain, une assemblée de semaine elle aussi bien fournie… En France, j’ai passé ma vie sacerdotale a célébrer devant des assemblées de semaine plus que réduites, on ne se bouscule guère pour recevoir le pardon des péchés dans le sacrement de la réconciliation, on ne pense plus au sacrement des malades, même pour un mourant et on appelle le prêtre quand le malade est déjà mort. J’ai déjà entendu ces paroles : « Mon Père, on ne vous a pas appelé, on avait peur que votre présence ne l’effraie. » (sic !) Le Père Planchat restait des heures à prier à la porte d’une maison pour que le moribond reçoive les sacrements de l’Eglise avant de mourir. Si tout cela était sans importance, je pense qu’il serait allé se coucher bien vite. Les brebis ont besoin des pasteurs et les pasteurs ont aussi besoin de leurs brebis.
Il nous faut accepter, comme la brebis docile, de se laisser guider, de faire confiance, de croire que le bon berger est venu pour nous sauver de la mort. Une fois encore, je nous invite à profiter spirituellement de notre pause estivale pour rendre au Seigneur la place qu’il devrait occuper dans notre cœur.
Père Franck Zeuschner, sv.
Crédit photo : Jean-Michel Penot pour le diocèse de Paris