Ce cinquième dimanche de Carême portait autrefois le nom de premier dimanche de la Passion et la semaine suivante, celui que nous nommons dimanche des Rameaux et qui nous fait entrer dans la Semaine sainte se nommait également deuxième dimanche de la Passion et des Rameaux. Ce que je vous dis là est encore présent de nos jours. En effet, à partir de ce dimanche nous sommes invités à la messe, à utiliser une des préfaces de la Passion et non plus celles du temps du Carême. Tout cela pour dire que notre Carême, qui se rapproche de son terme, va être de plus en plus une méditation de la Passion du Seigneur, de sa croix, du mystère de sa mort et de sa résurrection. Chaque année, nous écoutons sans sourciller à Pâques le récit de l’apparition du Ressuscité aux disciples d’Emmaüs, où celui-ci leur explique qu’ « il fallait que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24 v22)
Le Christ ne nous invite pas à entrer dans l’absurde. L’image employée par Jésus lui-même, dans l’évangile de ce dimanche, nous invite plutôt à entrer dans ce mystère : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » La comparaison est parlante, même pour les parisiens que nous sommes peu habitués, hélas, à voir pousser quoi que ce soit.
Le Christ nous rappelle que toute vie doit être donnée, au risque d’être perdue. Oui, le sacrifice de Jésus nous invite à nous interroger sur le sens que nous voulons donner à notre propre vie. Au début de l’histoire de l’Eglise, devenir chrétien signifiait se préparer au martyre. Nous n’en sommes plus là, mais ne sommes-nous pas tentés comme les païens qui nous entourent (ce terme n’est nullement péjoratif) à rechercher davantage un confort, une vie chrétienne sans trop de remous qu’à donner notre vie pour nos frères ?
Mais revenons à Jésus. Acceptons de le regarder en ces deux semaines où il s’apprête à faire le sacrifice suprême de sa vie, par amour pour nous, je veux dire pour moi, pour toi… Regardons Jésus qui entre dans sa passion, regardons l’amour qui lui fait faire ces folies qui est pourtant la sagesse suprême, comme nous le chantons chaque année.
La participation active aux offices de la semaine sainte nous permettra vraiment d’accompagner le Christ dans ces heures où il apporte le salut de l’humanité, nous pourrons le soulager de notre présence, le consoler par notre amour. Cet amour dont il a tellement soif.
Père Franck Zeuschner, sv