Ce 17 septembre 1977, vous étiez bien à l’heure comme d’habitude et même bien en avance, comme toujours ! Car s’il y a bien une chose qui n’a jamais changé chez vous, c’est que vous étiez toujours en avance. Avec moi qui étais toujours en retard, et qui ai encore toujours un mal fou à être à l’heure, vous avez beaucoup lutté pour m’aider à être à l’heure. Et j’ai toujours pensé que c’est de l’ordre du miracle à chaque fois que j’ai réussi à arriver en avance !
Oui, vous avez toujours été en avance ! En avance sur votre temps, en remettant au goût du jour l’idée de patronage comme vivier et non plus comme ghetto, en mettant en valeur la vocation du Religieux-frère sans lequel vous n’auriez jamais eu un apostolat aussi rayonnant, en lançant la mission porte à porte, en faisant de la préparation au mariage et de la maintenance du couple l’une de vos nombreuses priorités pastorales, en mettant au cœur de votre vie l’apostolat et l’éducation de la jeunesse, l’union de tous les milieux sociaux, l’accueil de tous et vraiment de tous, l’amitié et de bons conseils auprès des grands de ce monde, l’amour des pauvres et
des petits, spécialement les blessés de la vie, corps, âme, esprit.
Aujourd’hui encore, votre manière de faire est devenue pour nombre d’entre nous source d’inspiration et de réflexion, force dans l’action et la contemplation. En vérité, on peut affirmer sans se tromper que vous avez tout donné à vos enfants spirituels : votre temps, vos loisirs, votre intelligence et votre affection, l’enseignement et les sacrements de l’Église, votre Congrégation, votre famille, vos réseaux, vos amis, votre santé, jusqu’à votre cœur qui a fini par s’arrêter pour vibrer avec celui de Jésus… pour battre plus fort au rythme même de Dieu en son Sacré-Coeur, et cela pour l’éternité. Maintenant, nous aimerions aussi accomplir la seule volonté que vous aviez exprimée depuis vos premières années au patronage et que vous nous redisiez bien régulièrement à l’équipe d’animation du Patro, avec une émotion dont vous aviez le secret et qui enflammait les cœurs. Cela concernait le jour de votre départ vers le Bon Dieu… Vous aviez souhaité très sérieusement que l’on chante « Vieux pèlerin » à vos obsèques !
Vous n’aimiez pas jouer mais vous aimiez voir jouer vos enfants. Vous n’aimiez pas monter sur la scène mais vous aimiez voir vos enfants faire du théâtre. Vous aimiez chanter mais vous aviez toujours l’impression de mal chanter. Alors avec vos enfants, au nom de tous vos enfants, nous allons chanter pour vous comme vous le désiriez :
Vieux Pèlerin qui vagabonde
Je suis partout un étranger
Mais je suis sûr qu’en l’autre monde
Dieu va m’offrir où me loger
Je vais là-bas revoir mon père
Fini pour moi de cheminer
À l’autre bord de la rivière
Maison à moi, je vais trouver
J’achèverai à bientôt ma route
J’entends tout proche le Jourdain
La mort n’a rien que je redoute
J’y laisserai tous mes chagrins
Je vais là-bas revoir ma mère
Près d’elle enfin me consoler
Sur l’autre bord de la rivière
À la maison, me reposer
Voici la fin de mes souffrances
Et le repos pour mon vieux corps
Voici venir la récompense
Par Dieu, promise à mes efforts
Je vais là-bas parmi les anges
En oubliant mes vieux soucis
Passer mon temps à sa louange
Dire à Jésus sans fin « merci »