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Dimanche 5 décembre 2010 – Deuxième dimanche de l’Avent – Année A Messe à Notre-Dame du Bon Conseil (Paris XVIIIe)

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois

- Is 11, 1-10 ; Ps 71, 1-2.7-8.12-13.17 ; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12


Frères et Sœurs,
Nous avons entendu la prophétie d’Isaïe qui décrit le monde sans violence que le Messie, de la descendance de Jessé et de David va inaugurer : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble. Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur la montagne sainte » (Is 11, 6 et 9). En entendant ces mots, nous pouvons penser au bonheur qu’il y aurait à vivre dans un monde où il ne se ferait plus rien de mauvais ni de corrompu, alors que, comme nous le voyons autour de nous et comme nous l’entendons chaque jour dans les informations, notre monde est sans cesse traversé par la violence, l’injustice et la haine.

Pouvons-nous comprendre et prendre au sérieux la prophétie d’Isaïe ? Pouvons-nous croire qu’elle s’applique à la mission de Jésus de Nazareth, le Messie ? Comment ne pas penser que celui-ci est venu, qu’il n’a pas été reçu, qu’il a donné sa vie pour le salut des hommes, mais que l’ancien monde continue d’exister et qu’au fond les choses n’ont pas changé ? Nous croyons pourtant que par la mort et la résurrection du Christ, un monde nouveau est établi et poursuit sa croissance, sans être encore achevé et accompli. Depuis l’Ascension de Jésus jusqu’à son retour à la fin des temps, ce monde nouveau dans lequel il ne se commet plus de mal ni de corruption, est établi au cœur de l’ancien monde traversé par l’injustice, la violence et la haine. Nous sommes dans l’entre-deux, dans un temps dont nous ne connaissons pas la durée, qui sera peut-être fini ce soir, ou qui peut durer encore plusieurs siècles ou plusieurs millénaires.
Dans ce temps qui est le nôtre et ce moment où nous nous trouvons, nous sommes appelés à préparer la venue du Seigneur, à ouvrir un chemin dans le désert, à aplanir la route devant lui. En effet, comme nous le dit Jean-Baptiste dans l’Evangile, « le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 3, 2). L’appel de Jean s’adressait aux juifs pour qu’ils se convertissent. Ce même appel nous est adressé aujourd’hui « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 3, 2).
Que signifie « nous convertir » ? Beaucoup pensent qu’ils n’ont pas besoin de se convertir, parce qu’ils sont persuadés d’être justes, de ne pas faire de mal et de n’avoir rien à se reprocher. Dans l’Evangile, nombreux sont ceux qui pensaient vivre parfaitement la Loi du Seigneur et n’avoir à recevoir de leçon de personne. Nous avons entendu comment Jean-Baptiste s’adresse à eux : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » (Mt 3, 7). Par ces mots, Jean ne veut pas dire qu’ils sont irrémédiablement mauvais, mais il leur signifie qu’ils ne sont pas saints, qu’ils ne sont pas encore accomplis dans l’obéissance à la volonté de Dieu et qu’ils doivent eux aussi se convertir.

Nous sommes chrétiens. Nous avons été baptisés dans le Christ et nous participons à la vie de son Église. Nous prenons part aujourd’hui à cette eucharistie. Avons-nous encore besoin de nous convertir ? Nous savons que depuis notre baptême, demeurent dans notre existence beaucoup de choses qui ne correspondent pas à la volonté de Dieu. Nous sommes tentés de vivre pour nous-mêmes plutôt que de vivre de l’amour du Christ. Souvent, nous succombons et nous choisissons notre intérêt plutôt que de nous mettre au service de nos frères. Nous préférons ce qui nous fait plaisir, plutôt que d’accepter de changer quelque chose à notre manière de vivre, pour qu’il y ait en ce monde plus de justice et de paix. Tous, nous avons à accueillir cette invitation de Jean-Baptiste à la conversion. Tous, nous avons besoin de revenir à la Parole de Dieu, à l’appel qu’il nous adresse à suivre le chemin de la foi.
Pour stimuler notre conversion, pour rendre notre foi plus agissante, plus perceptible et plus active, j’ai lancé les trois années de « Paroisses en mission ». A travers tout Paris, dans des églises et des paroisses comme la vôtre, beaucoup de chrétiens de bonne volonté viennent à la messe le dimanche mais ne voient pas très bien si cela change quelque chose d’y venir ou de ne pas y venir. Ils voient bien que s’ils n’étaient pas là, il n’y aurait pas de messe, mais ils perçoivent plus difficilement ce que cela peut changer dans leur vie. Qu’y a-t’il de nouveau quand ils ressortent de l’eucharistie ? Que mettent-ils en œuvre de la Parole de Dieu qu’ils ont entendue ? Comment cette communion que nous vivons autour de la Parole de Dieu et du Corps du Christ se déploie-t-elle dans notre vie de tous les jours ? Comment apprenons-nous non pas simplement à venir à la messe les uns à côté des autres, mais à constituer un corps et à nous reconnaître proches les uns les autres ? Savons-nous nous recevoir les uns les autres, nous estimer les uns les autres et nous aimer les uns les autres ? C’est pour cela que j’ai proposé qu’au cours de ces trois années de « Paroisses en mission », chaque paroisse convoque des assemblées paroissiales dans le prolongement de l’eucharistie pour permettre à chacune et à chacun de ceux qui ont participé à la messe de se découvrir, de se connaître et peut être de faire quelque chose ensemble.
C’est ce que vous allez faire dimanche prochain sur le thème de la jeunesse : Comment nos communautés chrétiennes accueillent-elles leur jeunesse, les enfants, les adolescents, les jeunes adultes ? Comment leur faisons-nous une place comme ce matin, nous faisons la place dans les premiers rangs aux enfants du catéchisme, et dans le chœur pour les clercs ? Comment nous entraidons-nous dans cette mission délicate d’être aujourd’hui des éducateurs réellement responsables des jeunes qui nous sont confiés ? Comment leur transmettre ce que nous avons de meilleur ? Vous le voyez, ces questions touchent pratiquement tout le monde. Nous pouvons nous aider les uns les autres tout simplement en partageant nos expériences, ou aussi en collaborant dans des activités d’accueil de ces jeunes, en animant des lieux où ils vont grandir dans leur humanité et dans la foi. « Convertissez-vous », dit Jean Baptiste. Très concrètement, nous pouvons ensemble préparer un chemin pour que le Seigneur atteigne le cœur de la jeunesse.
Cette mission requiert toutes nos forces, comme saint Paul le dit dans l’épitre aux Romains : « Tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture » (Rm 15, 4). A travers nos relations habituelles de famille, de travail ou sociale, nous savons que persévérance et courage sont des vertus importantes pour ceux qui essayent d’être fidèles. Quand on se marie par exemple, on sait très bien qu’il faut persévérer dans l’union qui a été conclue, que cette persévérance demande de la force et que l’on se donne du mal pour que cela marche.
En nous invitant à la persévérance et au courage, l’Ecriture ouvre en nous un chemin pour que le Christ soit accueilli dans chacune de nos existences, dans la vie de nos communautés chrétiennes (ce sera un des objectifs de votre assemblée paroissiale), mais aussi dans la société qui nous entoure. Comment prenons-nous notre part de la mission de Jean-Baptiste d’annoncer la venue du Seigneur, à notre modeste place et selon nos capacités ? Nous sommes invités à être témoins et porte-paroles de cet appel que Dieu adresse à tous les hommes de se convertir pour accueillir le Christ. « A travers le désert une voix crie : préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route » (Mt 3, 3). Dans le désert de nos vies, cette voix existe et c’est la voix de l’Église, c’est votre voix qui transmet, annonce et propose un chemin de bonheur et de paix à tous les hommes. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois
Archevêque de Paris