La première partie de notre évangile (Mc 8, 27-30) nous conviendrait parfaitement. Comme elle devait être belle cette scène ! Jésus réunit les douze à l’écart, en un endroit paradisiaque : Césarée de Philippe, les sources du Jourdain… Là, notre cher saint Pierre émet une magnifique profession de foi. Comme nous sommes fiers de sa réponse. Bravo !
Et puis, très rapidement après cette profession de foi, où Jésus accepte de reconnaître qu’il est bien le Messie attendu, va se dérouler une autre étape
et c’est là (v 31-35) que Pierre perd complètement pied et nous aussi peut-être…
C’est bien ce qui m’est arrivé depuis 15 jours. Par moment tout va bien comme au paradis et puis juste après on se sent plutôt au purgatoire.
C’est ce que les apôtres ont dû ressentir quand Jésus a accepté de lever le voile sur son secret (le secret messianique) qu’il tenait à bien garder au début de sa mission. D’ailleurs rappelez-vous quand les démons proclamaient Jésus comme Messie et qu’alors Jésus les faisait toujours taire. Maintenant que son identité profonde a été révélée, il va dresser le véritable portrait du Messie. Non pas un messie glorieux, éblouissant de force et rayonnant de lumière, mais bien plutôt un messie souffrant, rejeté, qui va être mis à mort et qui ressuscitera. C’est ce que le prophète Isaïe avait prophétisé dans le chant du serviteur souffrant de la première lecture. C’est exactement ce que Pierre refuse catégoriquement et qui est pourtant le projet de Dieu pour le salut du monde.
Notez bien l’expression de notre évangile que Jésus ressuscité reprendra en s’adressant aux disciples d’Emmaüs : « il fallait… ». La Passion de Jésus n’est pas la suite d’un accident ou d’un malentendu. Il fallait que Jésus aille jusqu’au bout de l’amour. Jésus n’est pas un Messie qui aurait raté sa mission, bien au contraire ! La plus grande puissance au monde, est celle de l’amour. Et il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Pierre, à ce moment, ne peut l’accepter. Il n’est pas prêt.
Et nous ? L’acceptons-nous davantage ? Il ne s’agit pas de comprendre, d’adhérer uniquement intellectuellement à ce qui restera toujours un mystère, il s’agit d’accepter de suivre Celui que nous aimons et qui a donné sa vie pour nous, Celui qui nous a aimé le premier. Il s’agit pour nous maintenant de demander la grâce de le suivre là où Il nous veut.
C’est le seul vrai chemin du bonheur, de la joie éternelle et même de la paix sur cette terre. N’hésitez pas à demander cette grâce pour votre curé. Il en a bien besoin.
Père Jean-Luc Papet, sv
Crédit photo : Myriams-Fotos (Pixabay)